Comment les idées émises par les Philosophes ont-elles été mises en oeuvre ?

17/01/2011 16:47

1°) 1789 à 1793 : des années charnières

 

a) Liberté et Egalité

 

       Grâce à leurs idées, les philosophes des lumières réussirent à faire adopter, au cour de l'assemblé constituante du 20 et 26 Août 1789, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Celle-ci s'inspire, entre autre, de la Déclaration d'Indépendances des Etats-Unis d'Amérique datant de 1776 et de nombreux textes des Lumières tels que ceux de Locke (1632-1704), Voltaire (1694-1778) ou bien encore des Encyclopédistes comme Rousseau (1712-1778) et Diderot (1713-1784). Elle contribua à des changements tel que la séparation des pouvoirs évoquée par Montesquieu (1689-1755) dans son livre L'esprit des lois. Celui-ci conteste les monarchies absolues de Louis XIV (1661-1715) et Louis XV (1715-1774) où le peuple est assujetti par le souverain qui détient les trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire

 

        Par le biais des cahiers de doléances, instaurés en 1788, les français peuvent s'exprimer à propos de l'état, dans lesquels ils écrivent leurs attentes comme leurs indignations. Ainsi y trouve-t-on la condamnation des lettres de cachet, de l'arbitraire en matière de justice, de la dîme et plus généralement des inégalités entre les trois ordres. Ces inégalités seront quelque peu diminuées par l'article premier de la Déclaration de 1789 citée précédemment : "Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. "

        En effet, dans la nuit du 4 Août 1789 les droits féodaux permettant aux seigneurs, par l' intermédiaire de leurs vassaux*,  de commander, taxer et punir les habitants, furent abolis. De plus, la dîme* a été, elle aussi, supprimée (redevance en argent ou en nature , principalement sur les exploitations agricoles, en faveur de l' église Catholique).  Par la suite, le 16 Juin 1790 un décret de l'assemblée qui met fin à tous les titres de noblesses supprimant ainsi leur privilèges et les plaçant ainsi à un rang égal à celui des autres citoyens.  Ce décret est rejoint le 21 Mars 1804 par le Code Civil.L'adoption de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen accorde au Hommes plus de libertées comme par exemple celle d' expression s' exprimant par le droit de vote.

Les femmes ont vu leur statut réévalué mais les droits civiques leurs fût refusés. D'ailleurs, une révolutionnaire, Olympe  De Gouge, proclame l'égalité  de l'homme et la femme, elle préconise aussi la féminisation des noms des métiers et imagines des réformes sociales qui ne verront le jour que deux siècles plus tard (assistance sociales pour veuves et orphelins, créations d'établissements de soins pour les femmes enceintes ou bien encore, l'abolition de l'esclavage  et surtout, le droit des femmes à participer à la vie politique ...). Fort de La Déclaration des Droits de L'homme et Du Citoyens, elle rédigea ne septembre 1791, La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne. dont le l'article premier précise bien l'opinion de Olympe De Gouges 'la Femme naît libre et demeure égale à l'Homme en droits. les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune', il réitère ses idées d'égalité des deux sexes, de la participations des femmes à la vie politique, entre autre, par le droit de vote.

 

         b) Remaniement de la politique du pays

     Pour le domaine religieux, les lumières remettent en cause la religion (les institutions, les richesses et les privilèges, parasitisme*, intolérance, mystère, superstition). Ainsi, le clergé est réorganisé  par une Constitution Civile le 12 Juillet 1790: "Les anciens diocèses sont redécoupés suivant les nouveaux départements"; "Les évêques et les curés sont élus par tous par les assemblées des départements". L'église devient nationale : le clergé est rémunéré et les nouveaux archevêques sont désormais appelés "métropolitains".

Lors du 24 Novembre 1790 l'état met en place un décret obligeant les membres de l'église à prêter serment sur cette constitution civile sous peine de poursuites. De ce fait la moitié des prêtres l'acceptent et les autres deviennent des prêtres réfractaires.

        La Constitution Civile du clergé est un texte promulgué le 12 Juillet 1790 pour réorganiser l'Église de France après sa "nationalisation*" par le gouvernement révolutionnaire, elle n'est pas vraiment d'esprit anticlérical mais veut régir la vie de l'Église dans un esprit mêlé de celui des Lumières et de gallicanisme* :

  •   Remaniement des diocèses calqués sur les départements
  •  Les prêtres deviennent des fonctionnaires payés par l'état
  •  Les évêques et les curés sont élus (même par des citoyens juifs, protestants ou athées)
  •  L'institution des évêques n'est plus décidée par le pape 
  •  Un serment de fidélité est désormais demandé au clergé constitutionnel

En ce qui concerne le domaine politique, voici quelques repères chronologiques:

  •   Le 25 Septembre 1792 un décret est proclamé, déclarant l'unité et l'indivisibilité de la République Française.
  • Le 4 Décembre 1792 une loi est établie, elle consiste à condamner à mort quiconque porterait atteinte à la souveraineté du peuple.

 

    2°) 1793 et 1795, deux textes, deux visions :

 

        En été 1793, une nouvelle Déclaration fût rédigée, en préambule de la Constitution qui suivie, soulignant la chute de la monarchie. Ces deux textes (789 et 1793) se situent sur deux tons différents puisque, affirmant dès le début, 'le but de la société est le bonheur commun. Le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles' ce qui est bien différents à l'article premier de 1789.
           Les différentes libertés, celles de la personnes comme celles du culte sont précisées, mais désormais l'égalité passe devant la liberté ce qui contraste de nouveau, avec l'article premier de la Déclaration.         

    Toutefois, le droit à la propriété est réaffirmé dans l'Article 16, en reformulant l'Article de 1789 : on peut porter atteinte lorsque la nécessité publique l'exige avec, au préalable, une certaine indemnité. Cette nouvelle Déclaration est cependant révolutionnaire par l'attention à ce que, aujourd'hui, est appelé  'Droits Sociaux' (que ce soit aussi bien dans le domaine matériel que spirituel) : le droit au bonheur commun, à l'instruction, à l'existence et à l'assistance. Un point d'honneur est aussi mis sur la lutte contre toutes formes d'oppression ce qui débouche sur le droit d'insurrection qui en devient même un devoir avec l'Article 35 'Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs'. Rappelons que c'est à cette époque que la Terreur commence (mise en place par Robespierre) et où, toutes les personnes n'étant pas en accord avec le gouvernement en place, sont étêtées, cela ne respectant tout simplement pas cet article. 

 

     En 1795, une nouvelle Constitution est adoptée sous la première République, appelée Le Directoire. Ce régime est dirigé par cinq directeurs nommés par le corps législatif et siégeant au Palais du Luxembourg. Les cinq premiers Directeurs sont Reubell, Barras, La Révelière Lépeaux, Carnot et Letourneur. Chaque année l'un d'eux est, choisi par tirage au sort, doit céder sa place. Une nouvelle Constitution est alors écrite pour poser les bases de ce nouveau régime politique mais cette Déclaration enregistre le recul, voire la répudiation d'une partie des principes instaurées par les textes précédents. Ainsi, malgré une reprise d'une partie des proclamations de 1789, l'Article premier est supprimé considéré comme dangereux, la définition de la liberté est restreinte au droit de faire ce qui ne nuit pas à autrui  et celle de l'égalité, à l'abolition des distinction de naissance ; des 'Droits Sociaux' invoqués en 1793, il ne reste plus rien et surtout, la référence aux droits naturels de l'Homme, clé de voûte des deux premiers textes, disparaît. L'accent est mis sur la conservation de l'ordre ; le droit à l'insurrection disparaît aussi. Une déclaration des devoirs, envisagée mais écartée dans les précédents textes, prend ici toute son importance, insistant sur le respect des lois et des valeurs telle que la famille comme le devoir sacré.  

 

 

 

   En souhaitant 'terminer' la Révolution, la Déclaration de l'an III livre donc une lecture restrictive et par certains aspects mutilés (comme le droits naturel), des proclamations élaborées entre 1789 et 1793. Seule l'égalité et la liberté (même si celle-ci est limité) semblent acquises.

 

3°) Ce qu'ils restent de ces penseurs de nos jours

 

     Les fondements de ce nouveau monde, non seulement politique mais aussi social et moral sont ceux du droits naturel, héritée de la pensée des Lumières (liberté, égalité, sureté, propriété et pour certains, droits à l'existence).

     Le principe de séparation des pouvoirs a pour but de préserver la véritable souveraineté du peuple et de la nation, fondements de l'Etat de droits. Cela suppose un régime représentatif du fait de l'impossibilité, souligné par Rousseau, de l'exercice d'une Démocratie directe.

    Au XVIIIe siècle, la diffusion des idées des Lumières, s'effectue par différents moyens :

  • Les salons et les cafés où l'on peut lire et débattre comme le firent de célèbres figures de ce temps, telles que Voltaire, Diderot, Marmontel et Fontenelle qui se réunissaient au Procope, à Paris.

  • Les Académies où l'on diffusait le savoir ( Académies de Lettres, des Sciences)

  • La multiplication des bibliothèques publiques, les chambres de lecture ainsi que les salles de conversation.

  • La presse grâce aux journaux tels que Le journal des savants, et le Mercure de France publiant les idées et débats du jour du mois.

  • Les clubs dans lesquels on débat de sujets politiques.

        Cependant, tous n'ont pas la chance d'accéder à cette diffusion des idées des Lumières ou encore ne serait ce que les connaître, malgré une volonté militante de la part de ces Philosophes. Seules les élites ont accès à ces privilèges.

 

 

         Les Lumières ont aussi fortement influencés l'art. On leur doit entre autre des villes claires, organisées, aérées, hygiéniques et fonctionnelles d'où, par exemple, la construction des salines de Chaux dans le Jura par  Claude Nicolas Ledoux*  permettant une traite efficace et organisée du sel.